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                                                                       ...Yoga

 

Sommaire : I. les origines II. les 5 voies, les mandalas. III. les étapes pratiques - yama, niyama, âsana, pranayama, pratyahara, dharana, dhyana & samadhi - IV. le corps yogique - prâna, nadis, bandas, drishti, mudras-, les chakras V. l'ashtanga yoga 

▶️ Biomécanique

I. Les origines

 

L’Inde est la terre d’origine du yoga : son histoire est étroitement liée à celle de la civilisation indienne. C’est une discipline élaborée depuis la plus lointaine antiquité pour aider les êtres humains à traverser la souffrance, et trouver l’unité et la joie dans leur corps et leur âme. Le yoga fait partie de l’un des six systèmes philosophiques majeurs de l’Inde (qui reconnaît l'autorité du Veda). C’est un des darshana, (terme qui veut dire porter un regard sur le monde, école de pensée, voie de la connaissance). Ils sont groupés par paires théorique vs pratique : nyāya et vaiśesika, sāmkhya et yoga, mīmāmsā et vedānta.

  1. Le Nyāya est le point de vue logique, dont la méthode est la dialectique. Le Vaiśeṣika est le point de vue de la distinction, dont la méthode est l'expérience des sens.
  1. Le Sāṃkhya est le point de vue psycho-cosmologique, dont la méthode est la spéculation intellectuelle. Le Yoga est le point de vue psychologique ou psychique de l'identification qui est lié à la perception et à l'intuition du monde subtil et dont la méthode est le contrôle du mental, des sens et des facultés internes. Ce point de vue est exposé dans les Yoga Sūtra de Patañjali.
  1. La Mīmāṃsā est le point de vue théologique et herméneutique de la réflexion, dont la méthode est l'étude et la recherche dans les Écritures sacrées et de la révélation. Le Vedānta est le point de vue métaphysique, dont la méthode est la spéculation abstraite. Ce point de vue se base sur les Upaniṣad, la Bhagavadgītā et le Brahma Sūtra. Il admet la maya : l'illusion et la non-dualité comme principes et est très répandu en Inde.

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    II. Les cinq grandes «voies»

    Le Yoga, comme l'acupuncture chinoise repose sur une théorie vitale encore mal comprise en occident. Elle relie l'homme, ainsi que tous les êtres vivants, au rayonnement solaire et aux énergies terrestres. L'énergie circule dans un réseau de canaux, les Nadis (méridiens de l'acupuncture chinoise) et de centres (chakras) qui lui sont propres bien que très proches de l'anatomie du système nerveux. 

     On peut donc en distinguer :

       1.  Tout d’abord, le karma-yoga, ou « yoga de l’action désintéressée ». Il accompagne l’être humain dans sa vie quotidienne, en l’aidant à poser les principes de l’« acte juste », ou « désintéressé »  

         2.  Le jnâna-yoga , ou « yoga de la connaissance libératrice ». Il affine l’intelligence la plus subtile, celle des réalités considérées comme au-delà du naturel.  

      Il comporte quatre principes: 

      • Viveka - Discrimination : Viveka est la forme la plus pure de la connaissance. Il peut aussi être décrit comme l’autorité suprême de notre conscience. 
      • Vairagya - Renoncement : Vairagya signifie se libérer soi-même intérieurement de tous les désirs et plaisirs terrestres et possessions. 
      • Shatsampatti - Les six trésors : Shama - retrait des sens et de l’esprit.
      • Mumukshtva- Quête constante de Dieu : Mumukshtva est le désir brûlant dans le cœur de réaliser le Tout et de s’unir à Lui.

           3.  Le bhakti-yoga   ou « yoga de la dévotion ». On le rencontre aussi associé à des courants éthiques, religieux ou spirituels, à l’intérieur de l’hindouisme ou du bouddhisme, où il permet de se rapprocher de la divinité.

      Il comprend les étapes : 

      • Yama : les 5 règles de vie dans la relation aux autres : 1.ahisma : maîtrise, refrènement : non-violence, non-nuisance; 2.satya : véracité, impartialité; 3.asteya : non vol, honnêteté, probité; 4.brahmacharya : continence; 5.aparigraha : non-possessivité.  
      • Niyama: les 5 règles de vie dans la relation avec soi-même : 1.pureté; 2.contentement; 3.discipline, intensité de la pratique; 4.effort ascétique, récitation de mantra, de textes sacrés, connaissance de soi; 5.abandon au divin.

           4.  Le hatha-yoga , ou « yoga de l'énergie ».  Le but du Hatha Yoga est de nous permettre de saturer en énergie les dualités gauche/droite, lunaire/solaire, pour que l'énergie assoupie dans le centre d'énergie de la base (Mula Bandha) s'éveille. Cette énergie se nomme Kundalini. Donc le Hatha Yoga est un Yoga axé sur l'éveil de Kundalini qui apportera l'illumination, l'éveil et la connaissance (jnana) profonde de l'existence, du manifesté, du non manifesté et de l'observateur des phénomènes, l'Esprit (Samkhya).  

      Il est basé sur la pratique de : 

      • Yama et Niyama, les 5 règles de vie dans la relation aux autres et dans la relation avec soi-même
      • Âsana : postures (statiques et tenues relativement longtemps), se tenir tranquille de façon stable qui procède d'un équilibre entre tendances opposées (la rigueur et le lâcher prise).
      • Prânayâma : maîtrise du souffle, relevant autant de l'art respiratoire que de la conscience de l'énergie, qui est une des grandes clés du Yoga dans son ensemble. 

                                                                                                                                                Si ces quatre premières étapes relèvent principalement de l'aspect extérieur de la discipline, les suivantes nous plongent   directement au cœur de l'intériorité. 

      • Pratyāhāra : l'écoute sensorielle intérieure qui consiste à sélectionner les informations transmises au cerveau par nos perceptions, à ne pas se laisser envahir par l'image du monde ou les influences qui nous viennent de l'extérieur, (harmonisation ou retrait des sens).
      • Dhâranâ : concentration active du mental qui consiste à fixer le mental sur un objet ou un objectif précis, à développer son énergie, son attention, sa présence par des techniques appropriées. 
      • Yoga Nidra - premier niveau - (relaxation), pratique de concentration / méditation / contemplation

             5.  Le  raja-yoga, ou « yoga royal ou intégral » regroupe les quatre précédents, c’est la voie où toute les possibilités de l’être humain sont réunies et explorées. Il vise directement l’éveil de l’énergie de la Kundalini et favorise le potentiel de chaque individu. Une fois le Hatha-Yoga acquis, l'étude du Raja-Yoga, basée sur la construction d'une relation heureuse au corps, sur le développement d'un ressenti des organes, des structures corporelles et des structures énergétiques, peut commencer. Ainsi que l'étude des techniques de Yoga-Nidra du deuxième niveau ( dhyāna & samādhi). 

      Le Raja Yoga s'articule traditionnellement autour de quatre pratiques:

      • Prathyâhâra : l'écoute sensorielle intérieure
      • Dhâranâ : le pouvoir de concentration.
      • Dhyâna : la méditation qui consiste à clarifier le conscient, à rendre toute sa limpidité au miroir mental, toute sa vivacité et ses couleurs à l'âme du yogi. La réintégration de la conscience corporelle dans le kundalini yoga et la conquête de la véritable identité dans la Méditation conduisent tout naturellement à la rencontre avec l'être spirituel, le soi, en Samadhi.
      • Samâdhi : l'«état d'unité», l'entase, ou état d'union réalisé entre le Soi (âtman) et l'Absolu (brahman) ou encore disparition de l'illusion d'une différence entre le Soi et l'Absolu.  Il permet le lâcher prise. Le samādhi repose essentiellement sur une modalité de la conscience, capable de s'identifier totalement avec l'objet de la méditation. Il existe plusieurs étapes de concentration où les fluctuations mentales diminuent, lorsqu'en fait la focalisation des pensées va se porter sur un point très précis.

          6.   Par ailleurs, le tantra-yoga, stimulation de diverses énergies (essentiellement féminines et masculines) cherche à abolir des blocages intérieurs. 


      Les yogas indiens sont donc très variés; autant de maîtres, autant d’interprétations d’une base commune faite de postures, d’exercices respiratoires, de techniques de concentration, de méditation. Pendant des siècles, les Indiens ont découvert et affiné de nombreux moyens pour parvenir à la sérénité. Cela peut aller de la simple détente jusqu’à une recherche spirituelle intense, aspirant à ce que l’on appelle la « libération » (le Laya-Yoga, par exemple, dans lequel l’adepte recherche la fusion, l’absorption de son soi individuel avec le Soi universel). Le Yantra Yoga est la forme tibétaine du Hatha Yoga indien. Sa technique est originale à bien des égards et sensiblement influencée par les connaissances énergétiques chinoises. 

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                                                            • Les Mandalas 

       Depuis des temps immémoriaux, l’être humain a construit des cercles d’énergie, basés sur l’harmonie des formes, des couleurs, en lien avec des orientations cardinales, un axe terre-ciel, une reliance avec une planète et-ou une divinité et visant à développer des énergies bienfaisantes, guérissantes voir initiatiques. Depuis les cercles de pierres de Stonehenge, les vitraux en rosace de la cathédrale Notre-Dame de Paris ou les peintures de guérison des amérindiens Navajos. Jusqu'au travail remarquable de Carl Gustav Jung qui redécouvrit le fait que les mandalas sont de puissants supports de croissance et de transformation, un symbole de la totalité…


             Les premiers mandalas historiquement attestés sont liés aux rituels tant védiques que shivaïstes. Ce sont des représentations symboliques de l’univers. Le cercle, symbole de totalité, est divisé en 4 modules, les quatre directions cardinales. Là se trouvent des portes gardées par quatre gardiens, les dikpala (Indra – pour l’est ; Varuna – ouest, Yama – sud ; Kubera – nord). Le centre est généralement occupé par Brahma.

              C’est aux environs du VIIIe siècle au Tibet que le mandala se généralise comme support à la méditation. La méditation du mandala proprement dite consiste en une visualisation très vive et détaillée d'une déité (yidam) avec les postures, les gestes (mudrās) permettant la maîtrise des souffles (prana), des canaux (nadis), des gouttes (bindus) et des centres de conscience,ou roues d'énergie (chakras). Le méditant se projette dans le mandala avec lequel il se fond. Chaque détail du mandala a un sens et il est nécessaire d'entreprendre de longues études auprès de maîtres qualifiés pour en connaître les significations. Cet ensemble de pratiques, est connu sous le nom de "Six yogas de Nāropa" dont le but est de réaliser l'union de l'individu et de la "Source divine". Ils spiritualisent le corps en en faisant un instrument de réalisation.

             Les mandalas, support de méditation en trois dimensions, sont des œuvres d'art d'une grande complexité. Ils consistent en de  précieuses combinaisons picturales d’images, réunies autour d’un centre et circonscrites soit par des figures géométriques (cercles ou polygones), soit par d’autres figures toujours symétriques (dessins de fleurs par ex.). Le diagramme est dans tous les cas rempli de symboles.                                            

             * Le mandala tibétain ou de Kalachakra : la roue du temps (voir photo ci-dessus)

      Kalachakra, ou « la Roue du temps » représente une encyclopédie du savoir réunie dans le Tantra de Kalachakra et développée par les érudits et pratiquants tibétains à partir du XI° siècle. La tradition du kalachakra tourne autour des concepts du temps et des cycles : du cycle des planètes, du cycle respiratoire, et du contrôle des énergies les plus subtiles qui sont dans le corps de chacun afin d'atteindre l'illumination.  Le plan interne du Kalachakra comporte les différents cycles de la vie de chaque individu comprenant la petite enfance, l’enfance, l’âge adulte ainsi que la vieillesse. Les cycles menstruels mais également les cycles du sommeil, la fréquence respiratoire. Les cycles internes et externes sont également liés. Son texte principal est le tantra de kalachakra. Méditer sur un mandala du Kalachakra, symbole de la non-dualité, c'est engager une démarche d'intériorisation et de transformation. Chaque mandala, chaque "roue du temps" est en effet une invitation codifiée et symbolique à revenir au centre de sa nature la plus intime, au cœur du plus secret de notre être, là où la dualité se résorbe.                                      

      Le mandala de Kalachakra est réalisé en sable coloré. Il est ensuite détruit pour symboliser l'impermanence ou le caractère relatif transitoire des phénomènes composés. Ceci permet également de combattre l'attachement.

      Ce mandala réunis cinq mandalas interdépendants.  

      1- le mandala du corps,

      2- le mandala de la parole, où l'on retrouve les 5 vertus capitales : sagesse, concentration, attention, effort et confiance

      3- le mandala de l’esprit, 

      4- le mandala de la « conscience primordiale » où sont symbolisées les 4 Nobles Vérités 

      5- enfin au centre, avec son lotus, le mandala de la « félicité suprême » où s'unissent la compassion et la sagesse lors de l'Eveil signant la fin de la dualité dans le cœur.

      L’ensemble montre un palais à cinq niveaux (5 carrés) appelé "palais divin" où résident 722 déités, unissant corps, parole et esprit dans un monde parfait. 

      Le mandala de Kalachakra, est l'une des oeuvres les plus complexes de l’art sacré du bouddhisme tibétain. Il se distingue, en effet, par sa complexité et la multitude de ses ornements. 

         ~ Les couleurs renvoient aux quatre points cardinaux: noir, l'est; rouge, le sud; jaune, l'ouest; blanc, le nord. Un cinquième, le vert, rythme cette figure qui, même réalisée sur une surface plane avec des poudres colorées, reste une figure en trois dimensions; ainsi le coeur de  la fleur de lotus, tout au centre, est-il constitué par cinq couches de couleurs superposées qui coïncident avec les cinq niveaux de ce palais...

         ~ Le cercle, figure géométrique parfaite, infinie, représente le « ciel », le domaine spirituel, le monde très subtil; sa circularité évoque également la conception cyclique du temps. Le cercle multicolore le plus extérieur est un rideau de flammes protecteur où se consument l'ignorance et l'erreur. Les cinq cercles linéaires suivants représentent l'éther (le monde intermédiaire invisible) et les quatre éléments (air, feu, eau et terre) qui encerclent les différentes enceintes carrées du palais.

         ~ Le carré représente les fondations et délimite un lieu dans l’espace, il est le mur qui protège le centre, 4 portes (les quartes manières de se libérer) y sont intégrées, chacune gardée par des êtres courroucés symbolisant différents champ de force.

      Les deux premières lignes perpendiculaires sont orientées selon les quatre points cardinaux (nord /sud et est/ouest), le point d’intersection est alors le centre du mandala. Deux diagonales délimitent huit parts égales. 

      Sur ces lignes en étoile viennent s’agencer trois carrés imbriqués les uns dans les autres (le second mesurant la moitié du premier, le troisième la moitié du second). Deux carrés vont être intégrés au centre. Dans le plus petit, ils y dessinent un lotus à huit pétales.

           ~ Le centre, lui, est orné d’un bouddha sur une fleur de lotus.


      Régulièrement, le dalaï-lama initie des pèlerins du monde entier au Kalachakra, basé sur le mandala de sable réalisé par les moines sous l'impulsion du dalaï-lama. Cette initiation a pour objectif la recherche de la paix individuelle, de la compréhension mutuelle, mais aussi d'une plus grande unité entre tous les humains.                                                                

              * Le mandala est donc un monde, une entièreté, ou rien ne manque pour être. Autrement dit, le mandala nous montre l'image d'une unité entière qui inclut les différences et les tensions. Il s'agit là du visage du monde qui nous concerne dans notre existence la plus quotidienne. Il répond à un projet visant à éveiller l'être humain à son propre secret. Le mandala est un monde sans attaches, l'expérience de la réalité libre de toutes crispations,  l'expérience du monde sans filtre du moi-même-et-encore-moi, la manifestation de l'ouverture la plus entière -  pur poème, chant du pur amour réalisé. 

      L'ordonnancement d'un mandala est une invitation toujours vivante à une conversion du cœur. Car, avant d'avoir un rôle liturgique ou d'être un mélange d'ordre et d'harmonie, le mandala est un portrait de l'esprit humain – un portrait qui révèle sa vérité profonde et son possible le plus haut. Il est le chant vérifié des émotions et en ce sens il nous apaise et nous guérit.

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      Mandala de Kalachakra

      Mandala de Kalachakra

      III. Les 8 étapes de la pratique du yoga 

      Le yoga est devenu, particulièrement en Occident, une discipline visant, par la méditation, l'ascèse morale et les exercices corporels, à réaliser l'uni-fication de l'être humain dans ses aspects physique, psychique et spirituel.              Sa pratique s’est diversifiée selon les contextes, mais reste un chemin en "huit membres" du plus extérieur au plus intérieur, du plus grossier au plus subtil. 
      Ce chemin est une progression spiralaire, évolutive, organique. C'est à chacun de trouver le chemin spirituel de sa construction personnelle, modestement, chemin faisant, pas à pas. Le yoga ouvre à la connaissance de soi, par la pratique des postures qui ne sont qu'un moyen d'éducation à la sagesse par la médiation du corps. S'éduquer à une meilleure conscience corporelle, c'est en effet, approfondir et élargir la connaissance de soi, c'est s'étudier soi-même pour transformer le matériau de son existence. Le yoga permet ainsi de "lâcher-prise" pour se recentrer sur l'essentiel. Et donc le yoga nous relie à l'univers entier, au cosmos considéré comme un gigantesque corps, le souffle nous permettant alors de se fondre dans l'immensité du vivant, en soi et au-delà de soi. Le yoga nous relie, alors, intimement au flux infini de la vie.
      C'est un "chemin" subtilement équilibré entre effort et abandon, divisé en 8 étapes. Comme chaque processus de perfection, ces étapes ne donnent pas à suivre un chemin linéaire. Selon le principe de la dialectique, les 8 étapes et leurs sous-étapes doivent être travaillées en spirale : on approfondit chaque étape d’ashtanga, on purifie chaque niveau progressivement pour y revenir dans quelque temps. 

      Les quatre premières étapes de yoga ashtanga de Patanjali visent à affiner notre personnalité, à acquérir une certaine maîtrise de notre corps et à développer une conscience énergétique de nous-mêmes. Ces 4 étapes sont les YAMAS (les disciplines extérieures)?  les NYAMAS (disciplines intérieures), les ASANA (assises ou postures) et le PRANAYAMA (l’art du souffle). 

      1.  YAMAS  — discipline sociale / régulations éthiques —                                                                                         

      Ahimsa : La pratique de la non-nuisance et non-violence physique, mental et émotionnelle.  

      La pratique du Yoga fait de Yama Ahimsa une conséquence naturelle plus qu’un processus conscient. Être simplement gentil, accepter les situations, soi-même et les autres, pardonner.

      Satya : Pratiquer ce Yama, c’est être vérace, sincère. Rapporter les choses telle qu’elles sont et non telle que l’on souhaite qu’elles soient. 

      Nous filtrons nos expériences présentes au travers nos expériences passées et nos expectations du futur, en d’autre terme: via nos goûts, nos désirs et nos émotions. Cela peut créer des distorsions cognitives, c’est à dire créer une vision tordu de la réalité. Il est difficile d’être impartial, objectif sans prendre un peu de recul.

      Asteya : Le 3ème Yama est de ne pas voler ou plus exactement ne pas prendre ce qui n’est pas librement donné. Cela implique aussi le fait d’inciter quelqu’un autre à le faire. 

      Les objets physiques ne sont pas les seuls concernés, les faveurs émotionnelles, les informations sont aussi concernées. Donc non à la manipulation, oppression, exploitation, injustice sociale.

      Brahmacharya : Ce Yama demande de modérer nos sens, de tourner notre esprit vers l’intérieur en sélectionnant avec soin ses activés avec le monde extérieur. Ne plus être esclave de nos sens nous conduit à nous libérer de nos dépendances et de nos excès.

      Intégrer la modération dans nos activités et apprendre à conserver, à ne pas gaspiller notre énergie.

      Aparigraha : Pratiquer ce Yama nous aide à établir une relation équilibré avec les choses et autrui en s’abstinant de posséder. 

      Lorsque nous possédons un sentiment d’anxiété apparait, l’expectation, la peur de perdre ce qui est possédé, on personnalise ce qui est possédé. Émotionnellement dépendant, nous sommes à notre tour possédés. Ainsi, nous perdons la capacité de voir notre véritable Soi, d’être ouvert, d’être prêt à comprendre nos besoins et de les accueillir.


      2. NIYAMAS — discipline individuelle / observations intérieures — 

      Shaucha : La propreté, la purification sont souvent décrit comme le objectif principal du système Yoga. Les techniques pour nettoyer le corps et l’esprit sont les autres membres du Yoga : asana (posture de Yoga), pranayama (rythme de la respiration) et la méditation.

      Santosha : C’est être reconnaissant de ce que l’on a et de s’en contenter à l’instant présent. Pratiquer le contentement nous libère de la souffrance superflue de vouloir toujours que les choses soient différentes et ballotées entre le passé (regret) et le futur (angoisse). Agissez pour que les choses changent, mais n’oubliez pas de vivre l’instant présent, appréciez ce que vous avez.

      Tapas : Ce Niyama est la « chaleur », cette discipline ardente née de l’effort de l’ascétisme, du faite de se surpasser. Tapas brule les impuretés physiques, mentales et émotionnelles. Quelque soit la tâche, cette chaleur nous aide à effectuer nos tâches avec détermination et intensifie notre désir de nous développer, d’aller au-delà. 

      Svadhyaya : C’est l’étude, la contemplation du Soi, de l’esprit (purusha), cette partie authentique, logée au plus intime de notre être. Elle est masquée et semble être ballotée par notre nature humaine et son expérience psycho-mentale (pensées, émotions, …).

      Ishvara Parnidhana : Il est le Niyama le plus important est le plus délicat a approcher. Parnidhana signifie se rendre et Ishvara signifie littéralement Dieu. Ce dernier n’est pas créateur (la Prakrti est créatrice) et omnipotent comme dans nos religions. Ce dieu est un objet de méditation.

      Ishvara est l’archétype (modèle original) du yogi. Ainsi en choisissant Ishvara comme modèle, les pratiquants du Yoga peuvent « se rendre à Dieu »  pour atteindre plus facilement Samahdi (la concentration suprême). Cette dévotion à quelque chose de plus grand que nous même, à un modèle, est primordiale pour dissoudre notre nature égocentrique.

      Les étapes de la pratique du yogi                 (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

      Les étapes de la pratique du yogi (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

      3. ÂSANAS — pratique des postures —

        L'âsana doit en premier lieu assurer une stabilité physique maximale, procurant au corps une agréable sensation de confort afin d'être maintenu le plus longtemps possible, sans fatigue. Le corps devient concentré dans la position et la posture met fin à la mobilité inconsciente du corps.

            Les âsanas s'articulent autour de quelques grands
            axes 
            • L'éthique de vie - non violence, conscience juste, patience, sobriété notamment diététique, pureté intérieure et extérieure, modestie - (yama)
              • La mécanique du mouvement, le contrôle de la vitesse, le contrôle du seuil de la douleur, l'unité du corps, une dynamique, un tonus et un rythme (asana)
                • Le développement respiratoire (pranayama)
                  • L'attitude mentale de neutralité sans jugement de valeur (pratyahara) 
                      Chaque mouvement, tout au long de l’exercice, est intégré à l'inspiration ou à l'expiration. Cette technique de respiration doit connecter les aspects spirituels et physiques de l’ashtanga yoga, en donnant à une personne la possibilité d’atteindre une méditation plus profonde et de réaliser la meilleure clarté mentale. Ils permettent de réaliser une première unité car leur premier but est de permettre au corps d'être plus perméable à l'énergie : tout trouble du corps provient, dans la perspective yogique, d'un dérèglement de la circulation de l'énergie dans le corps. Ce dérèglement engendre des blocages.

                      Les âsanas agissent alors à deux niveaux :
                        • au niveau énergétique car elles font circuler ou re-circuler l'énergie là où il y a blocage 
                        • au niveau physique, elles agissent sur la :
                                               - souplesse et mobilisation articulaire; 
                                               - recherche de l'aplomb et de l'équilibre; 
                                               - harmonisation de la circulation générale et cérébrale en particulier; 
                                               - musculation générale, de la colonne vertébrale en particulier.

                        Chaque âsana se décompose en 11 phases distinctes et successive  et à ssocie la mécanique du corps, le contrôle de la vitesse et la synchronisation de la posture à l'estimation du seuil de la douleur, permettant la représentation de l'unité corporelle :                                         
                                  1. L'édification du mouvement.

                                  2. L'appréciation de la mécanique corporelle. Il s'agit d'apprécier le mouvement du corps dans l'espace par son tonus, en portant son observation sur les structures mobiles de soutien telles que la colonne vertébrale, les articulations coxo-fémorales, scapulo-humérales,... dans la phase dynamique de la posture. 

                                  3. Le contrôle de la vitesse d'exécution. Le contrôle de la vitesse s'attache à la phase dynamique de l'âsana et implique la régularité du mouvement ainsi que son ralentissement d'exécution, afin que l'observation mentale puisse être mise en place. 

                                   4. L'estimation du seuil de la douleur. La douleur n'est plus définie seulement comme une sensation pénible reçue par une partie du corps d'un être sensible et transmise par les nerfs au cerveau (sensibilité nociceptive), mais comme un sentiment dépendant du contenu affectif et culturel de l'individu.  

                                    5. L'exercice de la respiration. Une respiration contrôlée et rythmée, de qualité se définit par sa parfaite synchronisation avec le   mouvement (inspir/début; expir/fin), sa régularité, sa lenteur, sa profondeur, et son aisance. 

                                     6. La représentation de l'unité du corps. 

                                     7. L'équilibration du schéma postural. Au début de sa pratique, la représentation du schéma postural de l'adepte est imprécise (ou incomplète), car privée d'une dynamique de la conscience due à la méconnaissance de l'unité du corps et à l'inaptitude à l'observation introspective. Ainsi, dynamique, statique et aspect psycho-moteur réévalués retrouvent leur place juste, celle précisément qui correspond  à l'expression de ce schéma archaïque.  

                                     8. L'intériorisation ponctuelle. L'analyse du nouveau schéma postural à montré toute l'importance de la plasticité de la conscience. Ni statique, ni indépendante globalement, elle doit répondre aux injonctions du yogi pour devenir propre à produire des effets, dans la mesure où ce dernier a bien intégré les phase précédentes et maintient l'âsana dans l'immobilité pendant un temps assez long, sans effort particulier mental et volitif.                                                

                                      9. La concentration. La concentration demande une longue, prudente, persévérante pratique, l'esprit étant particulièrement hostile à tout effort qui tend à le canaliser et à le maîtriser. L'état de non concentration, c.-à-d. de dispersion mentale de la vie profane, et l'état de concentration du yoga apparaissent comme deux dynamismes énergétiques antagonistes de base de l'être humain. 


                                       10. L'intériorisation globaleL'intériorisation globale est à la fois : 
                                     
                                                 - l'aboutissement, le but vers lequel tend la multiplication des expériences d'intériorisation ponctuelle par l'ajout méthodique  à son espace voisin qui de proche en proche finit par occuper tout l'espace corporel 
                                                  - l'immersion du corps dans un état unifié par l'inflation d'un espace arbitrairement choisi pour sa position et sa nature privilégiées (le cœur par exemple)  
                                                 - l'expérience psychique et spirituelle libératrice de silence intérieur. 

                                         11. La découverte du rythme personnel. En réintégrant son rythme personnel originel, le pratiquant dissocie son mental des activités de son corps et acquiert une plus grande liberté pour s'adapter aux structures du monde. 


                          Ce parcours analytique des onze phases de la posture montre la dimension réelle de l'âsana, soumettant le corps physique, énergétique, mental et spirituel à une activité interdépendante et harmonieuse où toutes les fonctions psychiques et somatiques tendent à fournir la réponse à l'expérience exploratrice de l'âsana : la communion de l'aspect connu du corps avec ses limitations, et le devenir de l'esprit, inconnu et sans limites. 

                          4.  PRANAYAMA  exercices de respiration —

                          La pratique de Prânayâma est basée sur un ensemble remarquable de techniques respiratoires ainsi que sur une prise de conscience de la réalité de l'énergie. Elle développe la respiration et harmonise l'influence de l'énergie nerveuse, donc du mental, sur le corps. Elle est particulièrement reposante et revitalisante.

                          Le Prâna est véhiculé par la respiration mais n’est pas à confondre avec l’air que nous respirons. Dans notre corps la respiration est un mécanisme qui se fait souvent automatiquement. Le terme sanskrit « prânâyâma » peut s’analyser ainsi :
                            • Prâna : les souffles, l’énergie vitale, l’absorption haute du souffle ;
                            • Yâma : la régulation, le contrôle ;
                            • Ayâma : l’absence de contrôle, l’état naturel.

                          Prânâyâma : la libération de l’énergie vitale par la régulation du souffle. Dès que nous portons notre attention sur la respiration, elle devient contrôlable. Respirer est un besoin fondamental, malheureusement mal maîtrisé par beaucoup de personnes. Contrôler son souffle est intimement lié à la capacité de savoir dominer ses états émotionnels.

                          Une respiration contrôlée et rythmée constitue le vecteur fondamental - avec l'attitude mentale - de continuité de la pratique du yoga. (ainsi que de la structure des postures et leurs enchaînement). Sa qualité se définit par : 

                          • la parfaite synchronisation avec le mouvement (inspire/début; expire/fin)
                          • la régularité, la lenteur, la profondeur, l'aisance


                          Les techniques de respiration de base comprennent :

                              • La respiration longue yogique (dirgha)

                          Pour pratiquer cette respiration on respire toujours par le nez en commençant à faire descendre l’air le plus bas possible dans l’abdomen. Ensuite il faut remplir les poumons en dégageant le diaphragme par le bas, de manière à ne pas gêner l’expansion des poumons. En dernier on remplit l’espace sous les clavicules. A l’expiration le chemin se fait à l’inverse. Pour vider l’abdomen complètement, il faut le tirer vers l’arrière et vers le haut afin d’expulser tout l’air.

                          Généralement nous utilisons seulement une petite partie de notre capacité respiratoire, il est donc important de porter son attention sur les espaces moins habituels qui sont le bas de l’abdomen et les clavicules. L’entraînement permet d’augmenter notre capacité pulmonaire jusqu’à huit fois. Par ailleurs l’élimination de toxines et du gaz carbonique est améliorée et le niveau acidité-alcalinité équilibré.

                              • La respiration "victorieuse" (ujjayi)

                          La respiration ujjayî, "respiration victorieuse", se fait uniquement par le nez, avec une contraction de la gorge permettant de doser l'air inspiré et expiré afin d'obtenir un temps d'inspiration égal à l'expirationi. La pratique d'ujjayî produit un son comme le bourdonnement d'une abeille, et elle contribue à élever la chaleur du corps, amenant à une triple victoire pour le pratiquant :

                          -1-Grâce à l’attention constante portée sur le son du souffle, il y a un accroissement de la capacité d’intériorité et de concentration.

                          -2-Par la concentration et par l’allongement du mouvement du souffle, il y a l’acquisition d’un plus grand discernement intérieur.

                          -3-Selon le texte de la Hatha Yoga Pradîpikâ, l’allongement du souffle possède la vertu d’améliorer la vitalité et de proroger la longévité de la personne.

                              • La respiration de feu (kapalabhati)

                          L’image du chien haletant semble le mieux convenir pour comprendre cette respiration. Tel un chien capable de haleter pendant longtemps parfaitement relaxé, notre RDF devrait être régulier, simple, sans effort. Le rythme respiratoire est très rapide ( 2 à 3 X par seconde), continu et puissant, sans pause entre expiration et inspiration. A l’expire, l’air est expulsé par un mouvement de contraction du diaphragme vers la colonne vertébrale. Pendant ce mouvement la région de la poitrine est modérément relaxée. L’inspiration se fait de manière spontanée suite au relâchement de l’abdomen. Il faut veiller à garder l’inspire et l’expire parfaitement équilibrés afin d’éviter l’hypo- ou l’hyperventilation.

                              • La respiration fractionnée (gâti avarodha)  

                           Lorsque vous inspirez, vous arrêtez 2 fois pour un très court temps, du coup l’inspiration est divisée en 3 parties. Avec la dernière phase, vous inspirez complètement jusqu’à ce que vous soyez remplis d’air. Vous retenez votre respiration.Dans la dernière étape vous expirez, faites aussi 2 pauses afin de séparer l’expiration en 3 parties. Avec la dernière phase, vous expirez tout l’air de votre corps. Comme beaucoup d’exercices de Pranayama, celui-ci aide à contrôler votre esprit et vos pensées pour vous calmer et soulager le stress.

                              • La respiration carrée (samavritti)

                          Pour cette respiration, on divise l’inspiration et l’expiration en petites sections, en respectant un ordre spécifique. Par exemple, on inspire en 4 temps, garde le souffle 4 temps, expire en 4 temps et reste en apnée 4 temps. Ces rapports peuvent être changés selon les instructions. Il est important de bien savoir doser l’air afin d’être parfaitement régulier. La RC permet d’acquérir rapidement un bon contrôle de ses capacités respiratoires. C’est un bon moyen d’accéder à des états méditatifs.

                                • La respiration alternée (nâdî shoddhana)

                          Cette pratique lors de laquelle on inspire et on expire alternativement par une narine et par l’autre « débloque et purifie les nadis, ( Nadi Shodhana ) les canaux énergétiques qui véhiculent la force vitale et l’énergie cosmique dans le corps . À essayer… à la fin d’une séance d’asanas pour préparer le mental à la méditation. Asseyez-vous dans une position confortable. Mettez la main droite devant le nez, formez un poing, puis tendez le pouce et l’annulaire. Bouchez la narine droite avec le pouce, inspirez par la narine gauche, puis bouchez-la avec l’annulaire, soulevez le pouce et expirez lentement par la narine droite. Inspirez par la narine droite et bouchez-la, puis soulevez l’annulaire et expirez par la narine gauche. Vous venez de faire un cycle. Recommencez trois à cinq fois.

                              • Apnée à poumons pleins et vides

                          Les moments d’apnée sont connus comme des moments de paix, de silence. Notre attention devrait se porter sur une bonne maîtrise de ces techniques. La plupart du temps nous avons plus de facilité à garder l’inspiration et il n’est pas difficile d’acquérir des temps d’apnée de 60 secondes. Les moments d’apnée à vide se maîtrisent moins facilement. Il faut savoir comment fermer la glotte afin de se détendre parfaitement dans la posture. Le moment vécu correspond à un laps de temps dans une réceptivité totale. C’est un moment d’Ecoute.


                          Ces premières étapes  nous préparent à la deuxième moitié de ce voyage, qui concerne davantage les sens et l’esprit et a pour objectif de nous faire atteindre un niveau de conscience supérieur. Il s’agit d’un travail d’intériorisation, qui s’opère à partir d’une démarche d‘observation, d’analyse, de réflexion, de contemplation, de méditation et d’accomplissement.


                          5. PRATYAHARA  — se protéger de l’influence extérieur —

                            Pratyahara n’est pas une suppression des sens, c’est être capable de contempler les phénomènes extérieurs tout en étant détaché d’eux. Plus précisément, les pensées ne sont ni stoppées ni supprimées, leurs venues va peut être ralentie, mais le but est de les laisser venir en flux continu tout en arrêtant de les personnaliser, de s’en détacher. Pratyahara est la clé de la relation entre l’aspect de la vie extérieure et intérieure du Yoga. Avec Pratyahara le yogi ne sera plus distrait par l’activité psychique et sensorielle. Toutes activités extérieures semblent suspendues, le yogi apprend à les sélectionner.

                            Asana et Pranayama sont de solides fondements pour pratiquer Pratyahara. Avoir une respiration lisse et constante, un corps stable qui ne fatigue pas, permet d’oublier jusqu’a leur présence! Le fait que notre posture et notre respiration soient des automatismes nous permet d’économiser une énergie précieuse.

                            Pratyahara c’est contempler et laisser aller. Apprendre à relativiser, prendre de la distance sur notre vie et peut être se rendre compte qu’il y a un tout. Trouver la frontière entre la relaxation et la méditation


                            6. DHARANA — concentration — 

                              La concentration commence par la détente de la conscience, ceci est vrai à n’importe quel niveau : pour une personne cherchant sur son trousseau la bonne clé pour ouvrir la porte, au même titre que pour un yogi ayant le but suprême. La concentration est fondamentale pour la méditation. L’objet de la concentration peut être la respiration, le mantra personnel ou votre image du Divin.


                               7. DHYANA — méditation / chan, zen —

                                Il ne s’agit pas ici de la méditation-relaxation que l’on connaît à nos jours en Occident, mais de l’arrêt des activités mentales. De grands yogis peuvent méditer pendent des années sans sortir de cet état. Ils ne sont plus perturbés pas leurs sens et ils méditent sur l’Univers ou l’un de ses aspects. 


                                8. SAMADHI  — éveil /  réalisation du Soi —

                                  Comme une rivière, en entrant dans l’océan, perd son identité et son ego, l’âme individualisée, l’Atman, s’unit avec le Brahman, avec l’Absolu. Le méditant et l’objet de méditation fusionnent et perdent leurs distinctions. L’ego brûle et l’Esprit devient omniscient et omniprésent.

                                  Pour avoir du courage et de la détermination sur ce chemin, ayez en mémoire l’allégorie qui dit que « Le bonheur est la cible, le yoga est l’arc et vous êtes la flèche ».


                                  La pratique du yoga s’intéresse donc à ces 3 notions : le CORPS, le SOUFFLE, et l’ESPRIT.

                                        -  On développe d’abord un état d’esprit avec les yamas et les niyamas,
                                        -  Puis on cherche à calmer le corps par les asanas,

                                        -  Calmer le souffle, par le pranayama,
                                        -  Calmer l’esprit par le retrait des sens, la concentration et la méditation 

                                  Ainsi, le  yoga est une pratique spirituelle qui stoppe le passé, fixe le présent pour entrer en contact avec l'éternité.

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                                    IV. Le corps vu d’un point de vue yogique


                                  Les Védas parlent des trois parties qui constituent tout un système formant chaque être vivant. Ce sont donc : le corps physique, le corps subtil ou énergétique et le corps spirituel ou l’âme. Le corps physique ainsi que tous les corps subtils appartiennent au monde matériel, le corps subtil étant juste moins matérialisé de manière visible.                                                                                                         

                                  • Les cinq koshas et l’atman                                                                       
                                     1. Le corps physique — anna-kosha. Cette première couche est appelé le corps de la nourriture (anna), de matière organique, il s’appelle ainsi car il en est fait et il en est dépendant. La nourriture (y compris l’eau et l’oxygène) est la forme la plus grossière du prana. C'est le corps physique, fait de matière dense, le corps que l’on voit.

                                       2.  Les 4 corps énergétiques  

                                             - le corps vital — prana-kosha. Cette enveloppe est faite de l’énergie vitale (prana) avec laquelle elle nourrit chaque cellule du corps physique. En elle se lit la santé du corps physique. 

                                             - le corps mental et sensoriel — mano-kosha. Il s’agit ici du système des sensations et des émotions, des jugements et pensées qui constituent notre mental. Manas veut dire « mental » en sanskrit. Cette enveloppe est liée au système endocrinien.

                                             - le corps d’intellect et d’intuition — vijnana-kosha. La notion la plus proche pour expliquer cette enveloppe serait « la voix intérieure », la connaissance, le guide. Il ne s’agit pas d’un mental subjectif, mais de l’intuition. La vocation du corps c’est la prise de décision. « Vijnana » signifie la connaissance discriminante. Cette enveloppe est liée au système nerveux. 

                                               - le corps de félicité — ananda-kosha. C’est l’enveloppe qui est composée de béatitude et de félicité (ananda). C’est un corps de grande lumière, inaltérable.

                                  Tous les corps sont intimement liés. Ainsi les agitations dans le mental qui est l’enveloppe la plus instable de toutes, troublent les koshas inférieurs (1 et 2) et peuvent bloquer les koshas supérieurs (4 et 5). Les diverses pratiques yogiques purifient les koshas afin d’enlever l’illusion matérielle « maya » et faire l’extension de la conscience jusqu’à notre nature originelle. 

                                     3. L’âme (âtman) : liée à l’expérience de spiritualité, à l’expression de notre cœur. C'est le principe essentiel à partir duquel s'organise tout être vivant, la pure conscience d'être et désigne traditionnellement le vrai Soi, l'être central au-dessus ou en deçà de la nature extérieure telle que nous pouvons l'appréhender et qui nous connecte à notre propre infinité. 

                                          Le mental. Le fonctionnement de notre mental peut être divisé en trois aspects de base:                                                                                                                                         - le mental négatif / protecteur qui aide à donner forme, à trier les éléments importants et chercher ce qui est faux.

                                                 - le mental positif / projectif qui aide à considérer les choses de manière positive et à avoir recours à ses propres ressources; il est responsable d’une forte volonté et donne la force de réaliser ses projets.

                                                   - le mental neutre / méditatif qui aide à évaluer les informations reçues du mental positif et négatif et nous sert de guide dans la vie. Très intuitif et sans à priori, cet aspect mental nous permet de nous relier à notre âme.

                                  Le YOGA est une voie de l’effort personnel, dans un processus d’exploration, en allant des ‘’composantes’’ les plus grossières,  les plus évidentes de notre constitution, vers des plans ou des ‘’corps’’ « Koshas » les plus subtils. La pratique du Yoga, peut effectivement, entre autres possibilités, nous permettre de découvrir des « points d’appuis » intérieurs, d’augmenter notre énergie, et améliorer notre santé. Elle peut aussi  nous permettre de prendre de l’altitude et de développer nos facultés de discrimination (Viveka)              

                                  • Le Prâna

                                                                                                                                                                         Le Prâna (le Chi en Chine) représente la force vitale, elle est l’énergie qui nous anime au-delà de notre force musculaire. C’est cette énergie qui revitalise, qui porte à travers les moments difficiles. Le Prâna avec P majuscule se subdivise en 5 différentes catégories appelées Vayus. Les deux qui nous intéressent principalement sont : 

                                      *prâna (avec p minuscule) qui se situe dans la région de la poitrine. Cette énergie est vitalisante, énergisante, positive.

                                     *apana qui réside dans la région des intestins. Cette énergie est nécessaire à l’élimination des toxines, et donne la capacité de savoir ce qu’il faut retenir, ce qu’il faut lâcher.

                                  Ce sont principalement ces énergies subtiles qui sont travaillées lors de la séance de Yoga et qui apporteront des changements définitifs dans la façon de la perception du corps et son fonctionnement. Le yoga vise des lors à une énergétique spécifique : maîtriser la topographie énergétique et mettre en œuvre, par des moyens à la portée de l'être humain, une néguentropie au plan du corps énergétique.                                                                             

                                  • Les Nadis - les canaux énergétiques -

                                                                                                                                                              Notre corps gère plusieurs systèmes : circulatoire, lymphatique, nerveux, endocrinien etc. Un système moins connu est celui des nadis (qui correspondent approximativement à celui des méridiens dans la médecine chinoise). Ces canaux transportent l’énergie prânique à travers notre corps. 

                                  Selon l’enseignement yogique, il existe 72.000 nadis, dont 72 sont plus importants. Ces nadis rayonnent depuis le centre du nombril, à environ trois doigts au-dessous du nombril et se présente comme un réservoir d’énergie. Parmi les nadis les plus importants figurent le canal central « Sushumna » qui monte le long la colonne vertébrale et « Ida » et « Pingala », qui montent à droite et à gauche de la Sushumna. Ida (à gauche) est chargée de l’énergie d’apana. Pingala (à droite) est chargé de l’énergie prânique. C’est le long de la Sushumna, que les chakras se trouvent à des emplacements plus au moins fixes.                                                                                                  

                                  • Les Bandhas - les verrous énergétiques -
                                                                                                                                                                         Les ligatures ou fermetures appelées bandhas sont très importants dans la pratique du Yoga. Il existe trois bandhas qui verrouillent l'énergie au sein du corps lors de la pratique des āsana et du pranayama. Un bandha est une contraction de groupes musculaires profonds dans le but d’activer le Prâna. Ils se localisent en trois niveaux du buste : 

                                      - Jalandhara Bhanda : compression de la gorge par inclinaison de la tête 

                                      - Uddiyana Bandha : le ventre est rentré par expansion de la cage thoracique;           - Mula Bandha: les muscles du périnée sont contractés pour fermer la base du tronc. 

                                  Ils sont utilisés pour canaliser l’énergie (prâna) vers le haut à travers le canal central, Sushumna, ceci grâce à des contractions musculaires très précises. Pour bien maîtriser les bandhas il faut les pratiquer régulièrement afin que la musculature se forme et que la coordination se fasse.                                                                                                 

                                  • Les Drishti  
                                                                                                                                                                      Ce sont les points de fixation du regard. À chaque posture, un point du regard est associé. Le respect de ces points de regard centre l'esprit et favorise ainsi une meilleure concentration. Ils sont particulièrement importants pour le développement d'autres aspects du yoga tel que dhâranâ (concentration) et dhyâna (méditation). 
                                  Enfin la bonne application des drishti permet de bien aligner le corps lors de chaque position.


                                  • Les Mudras

                                                                                                                                                                       Le terme mudrā est réservé aux gestes rituels, du bouddhisme ou de l’hindouisme. On les classe généralement en quatre catégories : 

                                    (1) les gestes associés aux déités, aux démons et aux grands personnages;                   (2) ceux liés aux pratiques tantriques – indiennes, chinoises, japonaises et tibétaines       (3) les gestes de méditation du yoga ; et enfin                                                             (4) ceux relevant des arts de la scène.

                                  Dans chaque mudra, le pouce de la main représente le macrocosme, la conscience ou la réalité qui imprègne le tout. L'index représente le microcosme, la manifestation individuelle de la conscience. Les trois autres doigts représentent les qualités de la nature : pureté, sagesse, compréhension véritable pour le 3°, action, passion, connaissance pour le 4° et inertie, apathie, obscurité pour le 5°. 

                                  •  Les Chakras ("roues" ou "cercles")                                                                

                                  La circulation de l’énergie et du souffle vital (le prana) qui nous anime se fait à travers les nexus énergétiques (ensembles complexes de nerfs, de vaisseaux, de centres énergétiques), les chakras, qui reçoivent, transforment et distribuent l’énergie. Il s’agit de les ouvrir à ces influx grâce à un travail conscient sur la respiration. Le corps physique transforme celle-ci en courants d’énergie vers le ciel, la terre et l’environnement. Ces courants ont un réel impact sur l’être humain tant au niveau de la conscience et du psychisme que de la santé. Les diriger consciemment permet, selon la philosophie hindoue, d’acquérir une stabilité mentale et un état intérieur qui rendent réceptifs aux perceptions extra-sensorielles et spirituelles. Un travail de visualisation est aussi engagé, destiné à ouvrir les « lotus », placés au niveau de chaque chakra.

                                  Notre énergie prânique possède ainsi plusieurs "tourbillons" principaux d’énergie (ou vortex d'énergie - le terme vortex est utilisé pour désigner un mouvement tourbillonnaire de fluide ou de particules qui se situent le long de la colonnevertébrale, l’axe du monde, l’arbre de Vie. Nous en avons 7, 8 si nous comptons également notre aura. Chaque chakra est associé avec une couleur, un élément, des caractéristiques psychologiques

                                  • Le 1er chakra, le Muladhara, « chakra de la racine », est associé à la couleur rouge, l’élément Terre, et correspond au point nº1 du vaisseau conception (VC) soit entre l'anus et le scrotum. Il est en lien avec le métabolisme, le système lymphatique et la vessie. Il est lié aux glandes surrénales – détachement des choses terrestres. 
                                  • Le 2° chakra, le Svadhishthana (hara en japonais, dan tian inférieur en chinois), « chakra sacré, siège du Soi », est le centre de l’énergie; il est associé à la couleur orange, l’élément Eau. Il est en lien avec les reins, l’appareil reproducteur, les intestins et le système immunitaire. Point maître du foyer inférieur (ming men), il régit l’activité des ovaires et des testicules (les gonades) – passion, colère, orgueil, jalousie / confiance –
                                  • Le 3° chakra, le Manipura (le plexus solaire), « chakra de l’abondance de joyaux » est relié au pancréas, associé à la couleur jaune, à l’élément Feu. Il a une action sur le foie et la vésicule biliaire ainsi que sur le système digestif (estomac). Point maître du foyer médian. – libère de la maladie –
                                  • Le 4° chakra, l'Anahata « chakra du cœur », est en lien avec le cœur, le système circulatoire les poumons et le thymus, associé à la couleur verte. Le lien avec le thymus est important pour le travail avec les enfants car cette glande s’atrophie rapidement avec l’âge, il a pour fonction la production des lymphocytes au début de la vie. Point maître du foyer supérieur. – le stress, l’angoisse/harmonie affective –
                                  • Le 5° chakra, le Vishuddha, « chakra de la gorge » est le centre du système respiratoire, en lien avec le fonctionnement de la glande thyroïde, associé à la couleur bleue et à l’élément Air. Il est important pour le fonctionnement du cou, de la voix et des mains – communication –
                                  • Le 6° chakra, l'Ajna, le "troisième œil", situé sur le vaisseau gouverneur (VG) est le seul chakra qui n’a pas de point de correspondance avec les points du vaisseau gouverneur, associé à la couleur indigo . Cependant il est en lien avec l’hypophyse, et soutient la fonction des yeux et du système nerveux, il est le siège de l'intuition – intuition, discernement –
                                  • Le 7° chakra, le Sahasrāra, « chakra couronne ou "lotus au mille pétales" ou du ciel » est en lien avec la glande pinéale (épiphyse), associé à la couleur violette et à la Lumière. Son action porte sur l’activité du cortex cérébral, il a une action importante sur la circulation de l’énergie dans le corps et sur les activités intellectuelles, la concentration et la mémoire. Il harmonise l’énergie Yang du corps. Il chasse la peur et conduit à la plénitude, à la réalisation du Soi. Il incarne la conscience cosmique, la suprême félicité; il est le centre de l’extase et de l’illumination; quand l’énergie pranique parvient à ce chakra, le yogi atteint alors le samâdhi.

                                  Les trois chakras inférieurs forment le triangle inférieur, les trois chakras supérieurs le triangle supérieur et le chakra du cœur lie ces deux triangles. Pour les débutants il est toujours important de travailler d’abord le triangle inférieur afin de créer une bonne base énergétique. Cette énergie sera ensuite transformée et amenée dans les chakras supérieurs par les bandhas.

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                                  V. Ashtānga Vinyasa Yoga 


                                  ~Les principaux composants de l'Ashtanga yoga sont:

                                  • Les Âsana (postures)
                                  • Les Vinyasa (respiration et mouvement) : pour chaque mouvement il y a une respiration profonde UJAI (contraction de la glotte, respiration "océanique")
                                  • Les Bandhas (contractions internes)
                                  • Les Drishtis (directions du regard)
                                  • La Dhyâna (relaxation-intériorisation)


                                  ~L'Ashtānga -Yoga s'exerce en trois étapes

                                     1. L'étape dynamiqueIl s'agit d'une phase énergétique dont les résultats sont de nature physiologique. Elle implique un travail : 

                                       - musculaire (élongation, compression et torsion) 

                                       - articulaire

                                       - vertébral        


                                     2. L'étape mentale. Il s'agit d'une phase d'approche intérieure de la posture dont les résultats sont de nature psycho-somatique. Elle implique un travail : 

                                        - mental dans un conditionnement progressif et dirigé

                                        - d'intériorisation de la mécanique corporelle


                                     3. L'étape spirituelleIl s'agit d'une phase de contemplation libératrice dont les résultats sont de nature psychologique. Elle implique un travail 

                                       - de plongées concentratives successives et spécifiques vers les centres d’énergie pour aboutir à un état de vacuité 

                                       - d'abandon du mental


                                  ~Il est divisé en trois degrés :


                                     1. le premier degré psychosomatique comprend les étapes suivantes :  

                                               ~ phase préliminaire d'effets physiologiques 

                                           ~ phase de maîtrise respiratoire avec oxygénation par ventilation accrue et concentration pour le contrôle respiratoire.

                                            ~ phase dynamique de prise de la posture avec apprentissage du schéma postural, travail musculaire et articulaire; action au niveau des racines nerveuses vertébrales; mécanique du mouvement; contrôle de la vitesse.

                                                 ~ phase statique de la posture proprement dite comprenant :                                            - l'acquisition d'une détente musculo-articulaire suivie d'un état de détente général du corps grâce à un relâchement graduel de l'effort par libération du mental de la conscience du corps                                                                                                          - l'analyse du seuil de la douleur.                                      

                                     2. le deuxième degré psycho-énergétique de pratique ésotérique du hata-yoga atteint par concentration, avec dissolution progressive de la conscience de surface - conscience d'ego -, par  intériorisation ponctuelle puis globale et libération de la véritable nature de l'adepte, immuable et lumineuse.                                                                           

                                       3. le troisième degré psycho-mental de pratiques rituelles tantriques sous contrôle d'un guru, permettant l'accès à un état spirituel intangible, lieu d'union de la conscience individuelle avec la Conscience universelle. 


                                    Lorsque nous suivons systématiquement la voie du yoga, il prend dans notre vie une importance profonde. Intérieurement, il nous permet d'agir conformément à nos besoins, à nos intentions et aux valeurs qui nous sont les plus chères. Extérieurement, il nous apprend à renforcer notre corps, à détendre et à équilibrer notre système nerveux et à trouver la paix et la concentration sur un objet. En fin de compte, on dit que le yoga mène à la réalisation directe de notre nature véritable.

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                                    Salutation au soleil

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                                    Ashtanga : exercices quotidiens.  Postures debout...  ou en position assise

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